La découverte de plusieurs charniers, contenant quelques dizaines de corps, dans des localités du centre du Mali est suivie de très près par le parquet de la CPI, selon une de mes sources au siège de cette institution au Pays-Bas.
Ces derniers jours, des vidéos ont circulé sur les réseaux sociaux au Mali, révélant des corps calcinés dans plusieurs charniers. L’armée malienne a réagi samedi soir dans une curieuse ambiguïté, rejetant ces témoignages comme de simples montages, tout en annonçant pourtant l’ouverture d’une enquête. Les faits se seraient produits dans la zone de Niono (centre du pays). Sont précisément concernées par la récente découverte des charniers, les localités qui font tampon entre le sud et le nord : Nampala, Akoumbou, Tangabé, Dianwéli. Des confrères journalistes ont recueilli de nombreux témoignages faisant état d’exactions de l’armée et d’arrestations de civils accusés de sympathie avec des groupes djihadistes, suivies d’exécutions sommaires.
Tous mes efforts pour obtenir une réaction de l’armée ou même du gouvernement malien à ces graves allégations et témoignages sont restés vains. Mais des sources au sein de la mission de l’ONU à Bamako confirment les cas de « graves violations des droits humains pouvant être assimilables à des crimes de guerre et/ou crimes contre l’humanité, les victimes étant très généralement toujours des Peulhs ».
Des crimes imprescriptibles
« Si les autorités civiles et militaires de transition ne mènent pas des enquêtes pour identifier et faire juger les auteurs de ces faits, elles en seront tenus responsables et devront répondre devant les juridictions internationales de ces crimes qui ne sont susceptibles d’aucune amnistie, encore moins de prescription » m’a confié un des cadres de Human Rights Watch (HRW) qui suit le dossier Mali au sein de l’ONG internationale. C’est justement l’action de HRW qui a conduit au jugement et à la condamnation d’Hissène Habré, plusieurs décennies après qu’il ait quitté le pouvoir.
Les méthodes de Wagner
Un haut fonctionnaire onusien de la MINUSCA -Mission de l’ONU en Centrafrique- avec qui je me suis entretenu, a fait observer que le timing et la méthode sont similaires au mode opératoire de l’armée centrafricaine qu’accompagnent les mercenaires de Wagner. « Lorsqu’ils débarquent, les Russes procèdent par la terreur pour bien faire comprendre qu’ils n’auront aucune limite dans la violence contre ceux qu’ils considèrent comme leurs ennemis, qu’ils soient ou non des civils ». Ces faits sont, en effet, survenus quelques semaines seulement après la confirmation de la présence du groupe de mercenaires russes au Mali, et dans une zone où ils ont été aperçus.
Ce qui est vrai, est vrai !
