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    FDFP – cartes cadeaux : 35 millions CFA de bijoux, 10 millions pour les cigares et 2 millions de chocolat…

    A l’issue d’une réunion de crise tenue mardi dernier, le Conseil de Gestion a donné jusqu’à jeudi soir au Secrétaire Général et patron du Fonds de Développement de la Formation Professionnelle (FDFP), pour s’expliquer sur les manquements aux règles de gestion relevés dans le rapport d’enquête de l’IGE (Inspection Générale d’Etat). Ça sent clairement une demande d’explications avant un limogeage. Nous avons mené notre propre investigation et, parfois, à l’analyse des documents, on ne sait plus s’il s’agit d’un organisme de charité, d’une entreprise commerciale qui doit faire du marketing à outrance ou d’un fonds pour la formation professionnelle.

    Pendant plusieurs semaines, nous avons analysé des centaines de pages de documents comptables du FDFP dont nous avons réussi à nous procurer copie et, le moins que l’on puisse dire, c’est que ces pièces comptables révèlent des dépenses scandaleuses que rien ne saurait justifier. A titre illustratif, rien que dans l’achat de « Cartes cadeaux », la structure dont la mission consiste à assurer la formation continue de tous les salariés de Côte d’Ivoire, y a injecté, en quelques mois pour environ plusieurs centaines de millions de CFA. Le FDFP s’est offert 100 cartes cadeaux pour 35 millions CFA chez A. Constant, magasin très sélect spécialisé dans la vente de bijoux et montres de luxe. Chacune des « cartes cadeaux » valaient donc 3,5 millions. J’ai en vain tenté de retrouver les bénéficiaires de ces largesses, sans succès, comme si ces cartes n’avaient jamais existé. Pourtant, nous avons retrouvé les traces du paiement de 35 millions effectué par chèque au profit de A. Constant. Nous avons le nom de celui qui a déchargé pour recevoir le chèque, une copie de sa pièce d’identité, le numéro du chèque et la banque sur laquelle le chèque a été tiré. Mais aucune trace d’un seul bénéficiaire de la magnifique carte cadeaux qui pèse 3,5 millions.
    Nous avons également retrouvé au chapitre des dépenses de prestige, l’achat de plus de 100 millions de CFA de champagne, pudiquement désigné « spiritueux » juste en 4 mois. Il y a aussi l’achat de cigares pour 10 millions dans le magasin Afrique Tabac et 2 millions pour du chocolat, chez le chocolatier de luxe Patchi, dans la même période. C’est donc 500.000 CFA de chocolat par mois que s’est offert le FDFP.


    L’argent public est dépensé de manière compulsionnelle
    Au Fonds de Développement de la Formation Professionnelle, on semble dépenser l’argent du contribuable de manière compulsionnelle. Il ressort en effet d’un tableau récapitulatif des engagements du FDFP que nous avons consulté que l’organisme a dépensé, en dix jours, du 25/11/2020 au 04/12/2020, 379.234.088 FCFA dans les gadgets. C’est une moyenne de 37 millions CFA par jour dans l’achat de casquettes et tee-shirts. Même de grandes entreprises commerciales avec un gros besoin de publicité n’investissent pas autant dans le marketing. On aurait pu penser que c’est la totalité du budget communication qui a été concentrée sur cette courte période. Que méprise ! Auparavant, entre mai et août 2020, autrement dit en l’espace de quatre mois, il ressort des documents que nous avons analysés que le patron du FDFP affirme avoir dépensé 668.043.680 CFA dans la confection de gadgets publicitaires. Au total, plus du milliard aurait été engloutis dans l’achat de tee-shirts, casquettes, porte-clés et autres, en moins d’une année. Intrigué par cette propension à l’achat d’objets publicitaires, nous avons approché quelques-unes des agences de communication citées dans les documents du FDFP. Elles ont toutes refusé de nous parler. Mais un comptable dans l’une des entreprises, visiblement déçu par certaines pratiques, a bien voulu nous livrer quelques confidences, uniquement sous anonymat, pour ne pas perdre son emploi. Le comptable affirme que sur les quelques centaines de millions de commandes qu’ils recevaient annuellement « à peine 20% à 30% des objets commandés étaient réellement livrés. Les patrons versaient ensuite la grande partie de l’argent, en espèces, au boss du FDFP ».
    Selon un des cadres du service financier qui nous a parlé sous anonymat, « même sur Dieu, au FDFP, on vole ». Les sommes décaissées sous le libellé « Achat divers produits pour Ramadan » s’élèvent à 121.714.050 FCFA. Le patron du FDFP peut-il justifier avoir dépensé autant d’argent destiné à la formation professionnelle pour offrir sucre et huile aux musulmans ? « Le Secrétaire Général ne pourrait pas faire témoigner des musulmans qui auraient reçu de nous des vivres de ce montant. Nous avons tout au plus acheté pour environ 30 millions de produits alimentaires distribués aux musulmans l’année dernière, mais c’était juste pour couvrir le détournement de 90 millions » nous a déclaré un autre cadre du FDFP, visiblement dégoûté.

    Des dizaines de millions pour l’achat de gadgets publicitaires


    Plus d’un milliards CFA pour la famille, amis et proches ?
    « Collaborateurs Extérieurs » et « Partenaires Extérieurs » pourraient être qualifiés comme des enfants chouchous du père noël FDFP, tant ils font l’objet de toutes les gâteries du Fonds de Développement de la Formation Professionnelle. Dans le libellé ils sont tantôt « Collaborateurs Extérieur », une autre fois il s’agit de « Partenaires Extérieurs ». En 2020, sur la base des documents que nous avons consultés, ils ont « reçus » 444.789.168 FCFA du FDFP en seulement 4 mois. Cumulé sur l’année, ce sont plus d’un milliard de dépenses que nous avons retrouvé sous ce vocable. Dans les dépenses effectuées pour « leur compte », tout y passe : du vins et champagnes aux coffrets chocolat, en passant par divers « bons d’achats » pour pratiquement toutes les grandes surfaces d’Abidjan : Carrefour, Peyrissac, Orca, Super Hayat, etc. En 2019 déjà, les fameux « collaborateurs extérieurs » se voyaient gratifier de diverses attentions du FDFP pour près du milliard de CFA (825.839.375). J’ai demandé à quelques agents du FDFP ce que renferme le terme « collaborateurs extérieurs », ils ont souri avant de répondre : « c’est la machine à pomper du cash du patron. Il se dit entre nous, agents, que collaborateurs extérieurs c’est le boss, sa famille élargie, ses amis et proches ».
    Il ressort de nos investigations, sur la base des documents comptables consultés, que sur un budget de 38.487.385.000 en 2020, près de la moitié des décaissements, a été pour des dépenses sans rapport avec la formation professionnelle qui reste la mission principale du Fonds de Développement de la Formation professionnelle.
    Par moment, le FDFP du puissant patron, Léonid Barry-Battesti, se transforme même en une ONG humanitaire d’une déconcertante générosité. Sur la base des documents que nous possédons le Fonds dédié à la formation professionnelle fait des dons à des individus, chaque fois d’un montant de 3 millions CFA. Mme Wognin, M. Grah, Mme Konan, etc., en ont bénéficié. Nous nous limiterons aux patronymes pour ne pas exposer les bénéficiaires.

    Le limogeage du SG – FDFP inéluctable
    Visiblement, le patron du FDFP semble s’être même octroyé une sorte de Fonds de souveraineté dont il n’a pas droit, statutairement, puisque la distribution des différents cadeaux et dons est laissée à sa totale discrétion, d’après des hauts cadres de la structure avec qui nous nous sommes entretenus. Le SG dit qu’il ne se risque rien, malgré la sévérité des audits de l’IGE, car il a arrosé tous les membres du Conseil de Gestion qui doivent se prononcer sur son limogeage. « Si je coule, je les fais couler » aurait affirmé dans une réunion restreinte M. Barry-Battesti d’après des propos qui m’ont été rapportés par une des personnes présentes à cette réunion de crise.
    Le patron du FDFP que j’ai joint au téléphone mardi pour lui donner l’occasion de nous éclaircir sur tous ces points m’a violemment renvoyé à son service communication. Madame Diaby Epse Sylla Nabéma, Chargée des relations extérieures, qui avait promis me recevoir pour apporter réponses à nos questionnements, s’est finalement désistée, « pour des raisons indépendantes de sa volonté » m’a-t-elle fait dire par son assistante.
    En début de semaine, une nouvelle réunion du Conseil de Gestion sera convoquée pour décider du sort de M. Barry-Battesti. Il nous revient que plus des 2/3 des membres de ce conseil ont déjà acté le limogeage du patron du FDFP.
    Nous reviendrons prochainement sur le rapport de l’audit de l’Inspection Générale d’Etat, sur la base duquel le Conseil de Gestion doit décider du limogeage du dirigeant du FDFP.


    Ce qui est vrai, est vrai !

    6 Commentaires

    1. C’est effarant, ahurissant, choquant d’apprendre chaque jour les dérives monarchiques de ce monsieur. Ce monsieur se croit à la cours du roi Louis XIV.
      C’est ça les héritiers de la gouvernance du président Houphouet. Il oublie que désormais on regarde dans la bouche des grilleurs d’arachides.
      Sa place est en prison et nulle part ailleurs.
      Merci pour ce travail remarquable Said.

    2. On est vraiment pas sortis de l’auberge de la concussion et de la gabegie des deniers publics. À croire que le lait de la vache est à traire sans souci ni inquiétude.
      À qui faire confiance dans la gestion de nos ressources publiques et dans leur usage efficace ?
      Les intouchables ne seront plus au dessus des lois.

    3. Wao, mais comment ce monsieur peut gaspiller l’argent public comme ça et pendant tout ce temps sans que quelqu’un aperçoit de ça. Y’a t’il pas de service d’Audi dans cette structure de l’État.
      Je crois qu’on devrait limogé le conseil d’administration aussi pour complicité et manquement.
      Ces derniers ont la possibilité d’effectuer un Audi de la structure chaque semestre ou trimestre afin de s’enquérir de la bonne gestion de l’organisation.
      Les membres du conseil d’administration doit démissionner et rendre des comptes au même titre que le DG.

      • Mon frère, je suis d’avis avec toi .pendant qu’on souffre et que nous cotisons pour le FDFP, cette structure avec à sa tête son secrétaire général se fout de nous .on attend tous des sanctions exemplaires

    4. La question qui fâche : Le patron du FDFP peut-il justifier avoir dépensé autant d’argent destiné à la formation professionnelle pour offrir sucre et huile aux musulmans ? NON NON ET NON SELON MOI .
      Avec ceci on trouvera encore des personnes qui auront l’audace de continuer a piller les biens de l’Etat . Vivement une vraie reforme . Merci encore ?: Saïd
      .

    5. Il faut juste sanctionner les coupables et les complices, je veux parler des entreprises et fournisseurs qui ont leur nom mêlé aux détournements.

      Monsieur SAID, je souhaite vous soumettre quelque chose qui semble être un racket institutionalisé à la sous-préfecture de Séguéla. Les service de ce bureau font payer aux pauvres usagers la somme de 250 francs CFA pour une feuille de rame pour l’établissement d’un extrait d’acte de naissance. je précise que je ne parle pas du prix du timbre fiscal. 250 x500 font facilement 125000 f cfa que nous payons pour un paquet de rame qui me semble est donné par l’Etat. Et tenez-vous bien, on n’a droit à aucun reçu. Mais ou allons nous? Je me battrai jusqu’à ce qu’on nous explique cet autre détournement depuis nos poches. Voilà, vous pouvez vérifier les faits sur place. Merci de nous aider à mettre fin à ce racket.

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