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    Enquête : Quand la BNI vole la BNI (1ère partie)

    Le 22 novembre 2021, c’est la tentative de saisie d’un avion d’Air Côte d’Ivoire à Bamako qui a mis au-devant de l’actualité l’affaire dite BNI contre Oumar Diawara. Cet homme d’affaire peu connu a failli opérer le casse de l’histoire contemporaine des banques ivoiriennes, avec la complicité des agents de la BNI. C’est finalement la vigilance et la dextérité de la juge mains propres ivoirienne, Blanche ABANET-ESSOH, qui a fait échec à cette tentative de méga-détournement qui a quand même fait perdre prêt de 20 milliards de CFA à la Banque Nationale d’Investissement (BNI).

    L’affaire met en scène un DG de la BNI (feu Eugène Kassi N’Da), un haut cadre de la même banque (Fatoumata Konaré épouse Sakandé-Cissé) et un homme d’affaire Congolo-Malien (Oumar Diawara). Le rôle trouble de la BGFI-BANK, citée dans plusieurs affaires de blanchiments et de détournements ailleurs en Afrique, est également relevé.

    La Construction de la magouille

    En 2016, la BNI décide de créer une sorte de filiale qui ferait dans le domaine de la spéculation foncière. Elle créé une filiale, BNI-Gestion avec pour mandat dans un premier temps de faire souscrire de futurs acquéreurs de terrains. L’opération connaît un franc succès et en quelques mois, c’est par milliers que des militaires, des agents des impôts, des policiers, gendarmes et autres agents de l’Etat principalement, souscrivent en versant de l’argent à BNI-Gestion, avec la promesse de recevoir un terrain dans un futur proche. BNI-Gestion va accumuler jusqu’à une dizaine de milliards de ces souscripteurs. Mais tout bascule lorsque l’autorité de régulation du marché financier de l’UEMOA, le Conseil Régional de l’Epargne Publique et des Marchés Financiers (CREPMF), ordonne à la BNI l’arrêt immédiat des activités de sa filiale sous peine de sanctions. Motif évoqué : la BNI, comme toutes les banques de l’UEMOA, n’a pas pour vocation et ne dispose d’aucun mandat pour faire de la spéculation foncière.

    Plutôt que d’obtempérer à l’interpellation du régulateur, BNI-Gestion, sous la direction de Fatoumata Konaré epse Sakandé-Cissé tente de ruser. Elle créé une autre entreprise, PERL INVEST, détenue à 100% par BNI-Gestion. Mais la supercherie ne passe pas. Nouvelle interpellation du Régulateur qui intime à la BNI-Gestion de se séparer de son activité foncière. C’est alors que Fatoumata Konaré Sakandé-Cissé, et le Directeur Général de BNI d’alors, feu Serge Kassi ND’a, décident de s’approprier cette activité foncière très lucrative, BNI ayant à ce moment-là déjà acquis des terrains à Abidjan, Bingerville et dans la cité balnéaire d’Assinie d’une valeur de 15 milliards CFA. Par des méthodes que l’on pourrait enseigner dans des académies de l’escroquerie et du blanchiment, on fait entrer en action un troisième larron. Fatoumata Konaré epse Sakandé-Cissé qui est d’origine malienne propose à un homme d’affaire congolo-malien qu’un ami commun lui avait présenté quelque temps auparavant, Oumar Diawara, d’être celui qu’on va présenter comme l’acquéreur de PERL INVEST. C’est du moins ce qu’a confié Omar Diawara à un de ses amis d’enfance que j’ai rencontré récemment à Poto-Poto, quartier populaire de Brazzaville, où je me suis rendu.

    Mais Omar Diawara ne dispose pas d’assez de fonds pour acheter une entreprise qui pèse 15 milliards de CFA. Même si l’objectif est de la lui brader, il ne faut tout de même pas que le montant de la transaction soit beaucoup trop ridicule. Le DG de la BNI, M. Kassi ND’a, étant dans le coup, il est décidé d’accorder un prêt à Omar Diawara avec lequel il achèterait PERL INVEST. C’est bien connu que lorsque le DG appui un dossier de prêt, le comité d’approbation se plie. Il reste que si le prêt est accordé à Omar Diawara lui-même, le voir acquérir quelques jours après un bien de la BNI avec pratiquement le même montant pourrait attirer l’attention. L’homme se montre ingénieux et propose que le prêt soit accordé plutôt à Wally Diawara, son père dont il détient toujours la carte d’identité. Allez savoir pourquoi.

    documents pour la création d’une société

    La BNI accorde un prêt de 1,3 milliards F.CFA à Omar Diawara qui usurpe à ce moment-là l’identité de son géniteur, Wally Diawara, qui vit présentement à Bamako, précisément dans le quartier ACI Baco-djicoroni Golf. J’ai pu rencontrer à Pointe-Noire, au Congo, un cousin d’Omar Diawara qui a appelé sur WhatsApp devant moi le vieil homme qui a confirmé n’avoir jamais mis les pieds à Abidjan.

    Une fois l’emprunt mis en place, et vu l’urgence, les trois complices n’ont même pas pris la précaution de créer une entreprise qui exercerait dans l’immobilier, l’obtention des différents agréments pour exercer dans ce secteur pouvant nécessiter beaucoup de temps. On récupère une entreprise fantoche, la SIDD (Société Ivoirienne de dépôts et Douane) dont on fait d’Omar Diawara l’actionnaire majoritaire et gérant. C’est l’épouse du DG de la BNI, notaire de son état, qui accomplit tous les actes notariés modificatifs, comme j’ai pu le voir dans les documents que je me suis procuré. C’est encore Me Adeline Kassi-NGOROMA EDOUKOU qui établit l’acte de cession de PERL INVEST à la SIDD d’Omar Diawara. On n’est jamais mieux servi que par sa moitié. Conflit d’intérêt, escroquerie, complicité d’abus de bien sociaux et de blanchiment de capitaux, tout y passe. Voilà donc comment PERL INVEST dont le patrimoine foncier à ce moment-là est évalué à 15 milliards F.CFA, est vendu à 1.059.000.000 F.CFA, sans appel d’offre, à une entreprise qui fait plutôt dans le transit.   

    La machine à détourner en marche

    Avant la vente de PERL INVEST à la SIDD, comme il ressort des documents comptables de la BNI-GESTION dont j’ai pu obtenir copie que dame Fatoumata Konaré Sakandé-Cissé, a réussi à détourner des sommes faramineuses de la filiale de la BNI qu’elle dirigeait. Pour obtenir un prêt de 10 milliards à la BGFI Bank, elle prétend avoir versé jusqu’à 396.268.676 F.CFA à diverses personnes à titre de commissions. Elle se montre encore beaucoup plus généreuse pour un autre emprunt auprès de la même banque, puisqu’elle affirme avoir versé plus du ¼ du montant, soit 552.783.912 F.CFA de commissions payées pour un emprunt de 2.000.000.000 F.CFA.

    système de retro commission

    Il ressort des documents en ma possession qu’entre fin 2016 et début 2018, c’est au total 4.108.704.232 F.CFA que madame Sakandé-Cissé voudrait faire croire qu’elle a versé en commissions à des intermédiaires. C’est plus du 1/3 des montants mobilisés et des transactions foncières effectuées. Mais la juge mains propres n’est pas dupe. Dans l’acte d’accusation qu’elle a rédigé, dont j’ai pu obtenir une copie à travers mes contacts dans les cabinets d’avocats, Blanche ABANET-ESSOH conclu que « Tous ces prélèvements bancaires et paiements faramineux  et sans justificatifs de l’activité réellement effectuée à des intermédiaires (…) démontrent à suffisance l’existence d’un système de rétro commission, pratique de corruption consistant à payer plus de commission ou d’honoraires que nécessaire, pour ensuite en récupérer officieusement une partie via l’intermédiaire ».

    J’ai justement réussi à obtenir les relevés bancaires d’une des intermédiaires cité dans le dossier pour avoir souvent perçu des commissions sur de prétendus transactions foncière au profit de BNI-GESTION. J’ai minutieusement analysé les trois comptes bancaires à la SIB (Société Ivoirienne de Banque) appartenant à Mlle BAKAYOKO Mariam, jeune dame de 41 ans résident à la Rue Riquet à Paris (19e Arrondissement) ou celle de son entreprise (SCI les quais de la Seine). Sur la période pendant laquelle madame Sakandé-Cissé dirigeant BNI-GESTION, les comptes de BAKAYOKO Mariam enregistre un total crédit de près de 5 milliards F.CFA, pour des débits presque équivalents. Un banquier que j’ai contacté m’a expliqué que ces contacts n’ont pas que du transit de fonds. La justice ivoirienne enquête en effet sur l’acquisition d’appartements dans le 19e arrondissement par Mlle BAKAYOKO Mariam. D’après mes sources, ces biens immobiliers auraient servi à blanchir les sommes détournées, au préjudice de la BNI-Gestion, par Fatoumata Konaré epse Sakandé-Cissé.

    le fameux relevé bancaire

    (A Suivre) Ce qui est vrai, est vrai !

    2 Commentaires

    1. Voilà qui en dit long sur la gangrène des sociétés d’état dans leur gestion prévaricatrive. A la lecture de cette première partie, il est inévitable que des commissions rogatoires soient émises à l’endroit de ces personnes citées, ainsi qu’au défunt depuis son lit mortuaire.

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