Depuis son indépendance en 1960, la Côte d’Ivoire a connu cinq présidents de la république : Félix Houphouët Boigny, Henri Konan Bédié, Robert Guéi, Laurent Gbagbo et Alassane Ouattara. Mais l’histoire sera élogieuse pour certains et, particulièrement sévère avec d’autres.
1-Félix Houphouët Boigny
Visionnaire, ambition et patriote. Dans l’intérêt de son pays, il a accordé la citoyenneté à tous ceux qui pouvaient apporter un plus à la Côte d’Ivoire. Sur le plan des infrastructures, son pays avait 20 ans d’avance sur les autres Etats de même niveau de richesse.
2-Henri Konan Bédié
Il hérite d’un havre de paix en Afrique et, en quelques semaines à peine, il en fait une poudrière identitaire. Il transforme en étrangers tous les membres de la communauté de son concurrent (Alassane Ouattara), dans la lutte pour la succession à Houphouët Boigny. Reconnu peu travailleur pour une de mes sources qui a travaillé prêt de lui, Henri Konan Bédié arrivait au bureau à 11h30, buvait quelques verres de whisky, fumait des cigares et, vers 13h30, il repartait à sa résidence, officiellement pour le déjeuner et sa sieste, mais il ne retournait que très, très rarement au travailler, d’après des membres du protocole de la république avec lesquels je me suis entretenu.
3-General Robert Gueï
Il est présenté par ses détracteurs comme « traitre et naïf », mais ses partisans ne le reconnaissent pas dans ces qualificatifs. Venu corriger les injustices qui frappaient les Ivoiriens du septentrion désormais spoliés de leur nationalité parce que soupçonnés, à tort ou à raison, de soutenir Alassane Ouattara, il trahi triplement toutes ses promesses. Celle de rétablir les Ivoiriens exclus dans tous leurs droits citoyens ; celle d’ouvrir le jeu politique à tous les acteurs notamment à Alassane Ouattara qui avait été injustement exclu ; celle de n’être qu’un arbitre qui se retirerait à l’issue d’une transition inclusive. Naïf, il a cru au roublard Gbagbo qui l’a encouragé à exclure Ouattara et Bédié de la présidentielle de 2000. Il était censé ne faire qu’accompagner comme candidat pour légitimer son élection.
4-Laurent Gbagbo
Présenté comme belliqueux, violent, manipulateur et jouisseur. L’histoire retiendra surtout la barbarie de son régime. Sous Gbagbo, on a fait progressivement reculer les limites de la violence en Côte d’Ivoire : assassinats ciblés de ses opposants ; répression meurtrière des manifestations pacifiques de l’opposition ; massacres de civils accusés de sympathie pour l’opposition ; etc.
Il s’est présenté comme panafricaniste, mais on a surtout relevé les massacre de milliers d’Africains victimes du discours profondément xénophobe de son régime. Il prétendait être anticolonialiste, mais Bouygues et Bolloré ont obtenu leurs plus juteux contrats en Côte d’Ivoire sous Gbagbo. L’homme ira jusqu’à confier la confection du très sensible fichier électoral à la compagnie française Sagem et ses sondages étaient l’œuvre d’instituts français. Selon des analystes, ceux qui se présentaient comme des « refondateurs » étaient en réalité de vulgaires jouisseurs qui auront battu des records dans ce domaine. Les deniers publics étaient dépensés de façon compulsionnelle. On se souviendra toujours de ce conseiller de Gbagbo qui a pris un hélicoptère du palais présidentiel, au Plateau, à l’université de Cocody, situé à cinq kilomètres à vol d’oiseau, pour une soutenance. Selon différentes sources, les 2e, 3e et même 4e bureau étaient légion ; chaque baron du régime en possédait de façon ostentatoire et les épouses officielles étaient contraintes à raser les murs, à commencer par la 1ère dame elle-même, Simone Gbagbo, obligée de supporter l’existence de Nady Bamba.
5- Alassane Ouattara
As de l’économie, travailleur acharné et grand bâtisseur. Alassane Ouattara prend un pays à l’économie exsangue, au tissu social déchiqueté et, en quelques mois, il en fait un modèle de développement cité en exemple par tous les experts des questions économiques et les institutions internationales. Tous les indicateurs macro-économiques sont aujourd’hui au vert ; le niveau de pauvreté a reculé ; la taille de la classe moyenne a pris l’ascenseur là où, ailleurs dans le monde, la progression est assez laborieuse ; les investisseurs se battent pour mettre l’argent dans les différents projets structurants initiés par le gouvernement ; etc. Alassane Ouattara a projeté la Côte d’Ivoire dans la modernité et mis le pays sur une orbite de développement de laquelle il ne peut plus dévier. Les fondamentaux (infrastructures, environnement des affaires, etc.) sont tels que le pays file droit vers un horizon qui fait rêver.
Voilà ce que retiendra de ses présidents de la république, la Grande Histoire de la Côte d’Ivoire contemporaine.
Ce qui est vrai, est vrai !