Le parti du président Ouattara a désigné le frère, ZoumBak, comme candidat aux législatives partielles du Samedi prochain dans la circonscription de Séguéla, pour succéder à l’ancien premier ministre Hamed Bakayoko (Hambak), décédé en mars dernier. L’ainé, comme réincarnation politique du très populaire HamBak. C’est le pari que fait la mouvance présidentielle.
Contrairement à son cadet dont la renommée s’étendait au-delà des frontières ivoiriennes, et ce avant même qu’il ne devienne chef du gouvernement ivoirien, Zoumana Bakayoko, alias ZoumBak, n’est que très peu connu à Séguéla. Il a donc fallu pour le parti passer par une cérémonie de présentation du candidat. Et pourtant, c’est bien dans cette ville du Centre-Ouest de la Côte d’Ivoire que ce brillant ingénieur en génie informatique naquit, en 1962.
L’issue de l’élection ne fait aucun doute, Séguéla étant un des fiefs du Rassemblement des Houphouëtistes pour la Démocratie et la Paix (RHDP). Depuis le début de la campagne, ZoumBak a tenté de rassurer une population encore inconsolable de la perte brutale de son champion, Hambak, et qui n’a pas encore véritablement fait son deuil de la disparition de celui que les Ivoiriens désignaient comme le golden Boy. Zoumana Bakayoko a pourtant su rapidement créer une sorte d’alchimie entre la population de Séguéla et lui, en surfant notamment sur la popularité de son défunt cadet dont il revendique inlassablement l’héritage politique. ZoumBak a aussi été aidé par la forte ressemblance physique d’avec son illustre petit frère.
Le candidat à la députation a aussi rassuré ses électeurs sur sa capacité à œuvrer au développement local et conquis leurs cœurs. Il faut dire que le parcours de Zoumana Bakayoko a de quoi séduire. Fils d’Aliou Bakayoko, l’un des tout-premiers ingénieurs en télécommunication de la Côte d’Ivoire, il est diplômé de l’Institut National Polytechnique Houphouët Boigny (INP-HB) de Yamoussoukro. Il intègre ensuite l’école Polytechnique de Pise, ville connue pour sa célèbre tour penchée, en Toscane, non loin de la Florence (Italie). Brillant étudiant et un des meilleurs de sa promotion, Zoumana Bakayoko est recruté à la fin de ses études par le groupe Fiat où il s’occupe de la statistique. Alors qu’il était promis à un bel avenir professionnel dans les conglomérats européens, l’ingénieur en génie informatique retourne en Côte d’Ivoire et se lance dans les affaires. Il crée sa première entreprise de négoce du café et du cacao en 1997. Nonobstant des affaires qui marchent plutôt bien, sa forte sensibilité citoyenne et son instinct patriote le pousse à accepter d’intégrer l’administration ivoirienne comme Conseiller du Comité Interministériel en charge du suivi des matières premières. Cet intermède dure cinq ans (2001-2006), puis retour dans les affaires. Zoumana Bakayoko est aujourd’hui un businessman prospère et un des hommes d’affaires les plus audacieux de la Côte d’Ivoire. Son Groupe mène des activités dans des secteurs aussi variés que les Télécoms, l’Agro-industrie (Engrais, cacao), le transport lagunaire, etc.
Celui que la population de Séguéla ne découvre qu’à l’occasion de ces législatives est loin d’être un nouveau venu dans le microcosme politique. Membre actif bien connu du parti d’Alassane Ouattara, Il fut notamment député de la chic et riche commune du Plateau à Abidjan, et conseiller municipal dans le même quartier. Il y a quelques années, Zoumana Bakayoko avait pris ses distances avec la politique pour se consacrer à ses affaires et à sa famille. Ses proches ont donc été étonnés qu’il accepte la sollicitation de son parti pour redescendre dans l’arène, malgré l’impact que cela pourrait avoir sur son groupe à la gestion de laquelle il ne se consacrerait plus à plein temps. « Lorsque le président Alassane Ouattara m’a demandé d’être candidat pour perpétuer la mémoire d’Hamed Bakayoko, je n’ai pas hésité un seul instant, malgré l’impact que cela pouvait avoir sur mes affaires. Séguéla c’est la terre de nos ancêtres et nous ne pouvons rien refuser à Séguéla. C’est ainsi que nos parents nous ont éduqués ».
Sa candidature est donc pour lui avant tout une sorte de sacerdoce. La population, qui l’a adopté, semble bien le lui rendre. La caravane organisée ce mercredi dans les rues de Séguéla illustre -par le monde massé tout le long du parcours- un candidat en phase avec son peuple. Le peuple de Séguéla.
Le seul suspense du scrutin du Samedi 12 Juin c’est le taux de participation. Cloué sur le lit et empêché par la maladie de faire campagne, HamBak avait été élu avec 94% des suffrages exprimés. ZoumBak espère que la population témoignera de sa fidélité au défunt premier ministre, par un score tout aussi enthousiaste à l’élection de sa réincarnation politique.
Ce qui est vrai, est vrai !
Saïd Penda.