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    Succession à Alassane Ouattara : l’équation Patrick Achi

    Ma récente analyse, dans laquelle je concluais que, dans un contexte ivoirien où le vote est communautaire, il serait inopportun, voire suicidaire, pour le parti du président Ouattara de désigner un sudiste comme candidat d’une formation qui recrute les 80% de son électorat au nord n’a laissé que très peu de personnes indifférentes.

    On ne saurait accuser un analyste d’encourager le vote communautaire en Côte d’Ivoire comme c’est le cas au Cameroun, en Guinée et dans certains pays Africains, simplement parce qu’il constate un phénomène connu de tous. Ce n’est pas en faisant la politique de l’autruche en refusant de voir ce qui existe qu’il disparaîtra comme par enchantement. C’est lorsqu’on débat des problèmes qu’on les résout.

    Par ailleurs, d’aucuns ont cru voir dans mon analyse une publication anti-Patrick Achi, comme si j’avais une position à prendre dans le choix des dirigeants dont la prérogative est une exclusivité des électeurs Ivoiriens. Qu’aurais-je contre le premier ministre que je qualifie d’ailleurs, dans mon analyse de « très compétent Patrick Achi » ?

    Voilà pour ce qui est de la mise au point. Je voudrais à présent utiliser l’analyse en question comme un sondage dont l’unique question aurait pu être : « le nord de la Côte d’Ivoire après avoir subi stigmatisation et violences est-il prêt à voter pour un candidat originaire du sud ? ». Dans leur très large majorité, les militants et sympathisants du parti au pouvoir affirment être prêts à voter pour un Sudiste, nonobstant le fait que le RHDP recrute 80% de son électorat dans le nord. Le commentaire suivant à mon analyse, parmi les plus de 600 réactions, me semble être celui qui résume, avec une grande honnêteté, les différents avis : « Moi le nordiste, Diarrassouba, voterait pour Achi Patrick, le sudiste, si telle est la volonté du PRADO et du Rhdp ». En d’autres mots, les consignes de vote du président Ouattara seront respectées à la lettre par l’électorat du nord qui lui est acquis à plus de 95%. 

    J’ai également lu avec beaucoup d’attention certains commentaires, vraisemblablement d’opposants, tendant à interpréter  mon analyse comme la preuve de ce qu’Alassane Ouattara et ses militants ne font pas mieux que les précédents régimes qu’ils accusaient de marginaliser les communautés considérées hostiles. Que nenni ! Regardons les faits. En dix années de pouvoir, Alassane Ouattara a nommé 3 premiers ministres originaires du Sud : Jeannot Ahoussou Kouadio, Daniel Kablan Duncan et Patrick Achi. Le vice-président qu’il a désigné était également de la partie sud du pays. Pendant ses six ans de pouvoir, Henri Konan Bédié n’a jamais nommé un ressortissant du nord, chef de gouvernement. Sous les 10 années de règne de Laurent Gbagbo, les seules fois où il a promu un nordiste premier ministre, c’était l’arme à la tempe et jamais volontairement. Ce fût le cas pour les nominations de Seydou Diarra ou encore du chef rebelle Soro Guillaume, dans le cadre des accords de paix. Mamadou Koulibaly, désigné président de l’Assemblée nationale par M. Gbagbo, était juste un faire-valoir, le dioula de service, un dindon de la farce. La vraie patronne du parlement c’était la première dame, Simone Gbagbo.

    En conclusion, et sur la base des faits et actes des trois grands courants de la sphère politique ivoirienne, il est évident que le RHDP de Ouattara pourrait plus facilement présenter un sudiste comme candidat à la présidentielle. À contrario, un nordiste candidat du PDCI ou un Baoulé candidat du fpi de gbagbo relève d’un rêve qui ne risque pas de se réaliser dans les cinquante prochaines années. Le tribalisme et l’exclusion, selon les détracteurs de ces formations d’opposition, relèvent de l’ADN même de ces partis. Les responsables de ces formations ont toujours rejeté ces accusations.

    Au constat, avec la création du RHDP, le président Ouattara est en train de consolider un parti véritablement national, qui transcende les frontières régionales et tribales. Les dernières législatives en ont été une parfaite illustration. Le parti présidentiel a, en effet, fait une percée hors de son pré-carré du nord en remportant d’importantes circonscriptions qui lui résistaient dans le Centre, à l’Ouest et dans l’Est.

    Ce qui est vrai, est vrai !

    Par Saïd Penda.  

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